Gerhard Richter à la Fondation Louis Vuitton… Un voyage transcendantal 

 

Cette rétrospective offre un panorama vertigineux de l’œuvre de Gerhard Richter sur plusieurs décennies, du figuratif à l’abstraction, en passant par le flou, une fascinante « zone grise ». 

 

Cette vue d’ensemble, permet de mieux appréhender cet « art de la métamorphose » où l’artiste, d’une toile à l’autre, devient volontairement « méconnaissable ». Et tel un caméléon, qui aurait le don d’ubiquité à se glisser dans toutes les matières, à les faire sienne, Gerhard Richter ne s’enferme dans aucun cadre, dans aucune « case ».

 

Si l’imaginaire de l’artiste nous incite à voir autrement, il le fait sans renoncer au réel, omniprésent. Et lorsqu’il donne l’impression de le faire disparaître, ce n’est qu’une illusion. Le réel est ancré dans la toile, comme une « matrice originelle », fécondant des mondes nouveaux, une mémoire vivante, à relier les temps et les époques. 

 

Cette réalité « dissimulée » rappelle le bain révélateur d’une photo dont le contenu apparaît peu à peu. Mais chez Richter, ce n’est pas la photo qui est révélée, c’est elle qui révèle un nouveau champ visuel. 

 

Bien souvent, son travail part d’un cliché photographique. La peinture recouvre. La peinture dévoile.

 

Ce parcours chronologique, d’une étonnante « intemporalité », nous conduit au-delà du visible et permet d’entrevoir la multiplicité des mondes sans faire disparaître les anciens. 

 

Et l’on finit par franchir le seuil de cette ultime salle10, qui clôt le cycle d’une vie picturale. On y découvre quatre œuvres immenses… « Birkenau ». 

 

Un voile sur les mondes

Les fissures de l’absence

 

Des ombres par millions

Rien ne peut effacer

 

Richter peint

Richter s’éteint

Richter renaît 

 

Des cendres de l’enfance

La vacuité du grand silence

 

La noirceur d’une terre, autrefois nourricière

Des stigmates à jamais mortifères

 

Semences de l’oubli

 

Pas même le feu de la géhenne

Effacera

 

La mémoire repoussera

La conscience s’élèvera